Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Bouts d'zen et cailloux blancs
7 décembre 2018

C'est dans le vent, c'est dans le peu ...

24796495_10211524106800214_4387292413436186246_n

C'est dans le vent, c'est dans le peu, seulement, que je crois. Je ne crois plus aux murs de pierres, je ne crois plus aux ors des temples. Le ciel, celui qu'on n'atteint jamais ni des doigts ni du cœur, peut bien être peuplé d'êtres de légendes ou bien hantés seulement de nos rêves et nos souvenirs, je n'y crois pas. Je ne saurai certaines choses qu'en mourant. Avant cela, nul ne les sait. Comment s'étonner alors que je sois sans savoir si le paradis existe, si mon âme est éternelle, si elle voyage de corps en corps ou si elle se réveillera pour l'éternité.

On m'avait parlé d'un Dieu fort qui habitait l'azur et les petits nuages. Mais chaque horreur subie sur Terre l'a fait tomber, depuis longtemps, le nez dans la poussière. Je ne comprends même pas qu'on se batte en son nom. Il n'est pas plus un général qu'un héros au champ de bataille ou un snipper. Supprimez de vos têtes les images glorieuses d'un "sur humain" qui aurait en fait nos passions, nos humeurs, pour expliquer ainsi nos destins inégaux et iniques.

Il y a bien assez de malheur ici-bas pour s'arracher la tête et se crever le cœur. Il y a bien assez de malheur pour ne plus croire que la bienveillance est en de bonnes mains si on ne la laisse qu'aux mains du ciel. Il n'y a pas de secours, pas de consolation, pas de générosité là-haut, si ils ne sont pas déjà à l'œuvre à ras de notre sol.

Suis-je donc, de fait, un mécréant, un apostat, sans cœur ni âme, sans espoir, sans qu'aucun sens du divin ne m'habite ? Est-ce qu'après moi les mouches et le déluge et tant pis pour les autres ? Dois-je alors jouer ma vie comme sur un coup de dé ou une dernière orgie ?

Ce serait un grand oui s'il n'y avait l'enfant et le vieillard, s'il n'y avait tant de femmes et tant d'hommes qui me touchent et me ressemblent, s'il n'y avait ce serrement de mon cœur, même au cadavre d'une bête tuée sur le bord du chemin. Je ne croirais en rien s'il n'y avait pas les fleurs, les arbres et les oiseaux. Je ne croirais plus, depuis longtemps, depuis toujours si rien ne m'arrachait ni larme, ni sourire, si rien ne me faisait rire aux éclats ou si rien ne m'écarquillait les yeux à emplir tout mon visage.

La vie me touche, je n'y peux rien. Elle me fait du bien, elle me fait mal, parfois, souvent, toujours, en tout cas pas jamais. Si je n'ai d'yeux que pour elle, serait-ce que je n'ai dieu que pour elle ? Tout ce qu'en disent les livres ne m'explique pas la divinité que je lui trouve. Cette divinité-là n'est séparée de rien. Elle n'est pas extérieure, elle est intérieure à tout, dans l'étonnante évidence de ce qui est, qui vit et qui meurt aussi un jour.

J'entends ceux dont on a fait des maîtres, des prophètes et des dieux dire la même chose que moi : Dieu sait pourquoi la vie, mais la vie nous échoit.

Il faut être un fou sans doute, ou bien être amoureux, pour trouver un sens à la fragile beauté des choses. J'ai choisi d'être les deux. C'est dans le vent, c'est dans le peu, seulement, que je crois. C'est dans le vent, c'est dans le peu, seulement, que je vois les plus magnifiques signes de la vie. Et je crois en la vie, à cette divine façon qu'elle a de toujours me toucher. J'en mourrais, c'est certain. Qu'au moins j'ai pu, dans le vent et dans le peu sans doute, en vivre.

Tydé
"Fero" © Stefan Nemeth
Publicité
Publicité
Commentaires
Bouts d'zen et cailloux blancs
  • Ces publications sont tirées des pages FB Bouts d'zen et "ci et maintenant, un évangile de soi J'y partage inspirations et réflexions . Sans doute s'y esquisse une certaine image du bonheur, car le bonheur est une culture : à la fois jardin et langage
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité