Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Bouts d'zen et cailloux blancs
10 avril 2020

La condition humaine que le confinement fait exploser, n'est pas une condition heureuse ni malheureuse

J'entends les souffles courts autour de moi, celui de la peur d'être à son tour contaminé. Je devine, celui oppressé des soignants et personnels des hôpitaux qui, honorant leur devoir et sans même en douter, sont là, auprès des malades. Je n'ose imaginer celui, artificiel, du malade intubé, plongé dans le coma, pour ne plus sentir ni la brulure dans ses poumons, ni la douleur de la canule qui maintient sa respiration.

Je vois la suspicion dans les regards où chacun est prêt à accuser l'autre de pouvoir, bon gré, mal gré, l'infecter à son tour en nous parlant ou respirant dans le même aire que soi. Je vois la réprobation des reclus face à ceux qui sortent encore. Je comprends parfois cette défiance qui voudrait voir s'éloigner comme un pestiféré tous ceux que leur travail oblige à circuler et qu'on accuse de colporter le virus alors qu'ils n'ont pas d'autre choix que de travailler sans distance.

Annotation_2020_04_10_085233


La crise est grave, profonde, probablement longue. Crise de notre modernité qui, pour l'instant, ne surpasse pas en gravité les effets des virus pauvreté, famine, guerre, violence interpersonnelle, mais qui est bien une crise systémique. Le virus suit le chemin du système capitaliste et consumériste. Il emprunte ses chemins depuis l'usine du monde jusqu'à nos portes,venant briser l'apparente tranquillité surtout des pays riches, seulement habitués aux malheurs individuels et qui se croyaient à l'abri des souffrances collectives. A la crise sanitaire et économique va sans doute s'ajouter une crise systémique où c'est tous nos mode de vie que nous allons interroger, voire suspecter, d'être en cause dans le déclenchement de ces souffrances. Après le terrorisme, après le réchauffement climatique, et maintenant le Covid 19, nous sentons bien qu'il y a quelque-chose de pourri dans le royaume des hommes.

Tant que l'économie n'était pas touchée, les puissants de ce monde n'entendaient pas, eux, la détresse du monde. Ce n'était pas le leur qui s'effondrait et celui des autres ne les intéressaient que dans ce qu'ils avaient à y gagner. Les États redécouvrent leur rôle et la nécessité de défendre les services publics, les industriels vont chercher à relocaliser les outils de productions, les transporteurs de tous bords vont devoir réfléchir à qui, quoi, où, comment, combien, pourquoi ils font voyager tant de gens et de marchandises, les agriculteurs vont retrouver tous leur sens et leur noblesse à produire au gré des saisons et des climats de quoi nourrir chacun.

Notre vie sociale et de relation elle-même va devoir se réorganiser, en tenant compte des mesures de précautions qui vont s'imposer un temps encore au delà du confinement, un peu comme nous avons appris à faire l'amour sous capote dans certaine condition. mais la prudence sanitaire ne peut ni doit ni devenir contrôle social ou défiance de l'autre. Tout ce que nous avons découvert ou mieux utilisé de la communication et de ses outils pour être en relation en confiance nous servira. l'abandon de certaines commodités et la découverte qu'on vit parfois mieux sans tout le fatras de choses qui faisait notre avant nous servira. L'approfondissement nécessaire des liens avec nos tout proches et les solidarité nouvelles que nous avons créé nous servira. L'épreuve même de la maladie ou du deuil, quand personne ne peut vous visiter ou vous rendre un dernier hommage nous servira.

La condition humaine, nos sociétés modernes avaient fait tant de de chose pour l'ignorer, ou le reléguer à ses confins que le confinement fait exploser, n'est pas une condition heureuse ni malheureuse, elle est toujours un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout, les deux. C'est surement la leçon essentielle, notre condition n'est qu'humaine. Quand nous n'en prenons pas soin, elle devient inhumaine.


Publicité
Publicité
Commentaires
Bouts d'zen et cailloux blancs
  • Ces publications sont tirées des pages FB Bouts d'zen et "ci et maintenant, un évangile de soi J'y partage inspirations et réflexions . Sans doute s'y esquisse une certaine image du bonheur, car le bonheur est une culture : à la fois jardin et langage
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité