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Bouts d'zen et cailloux blancs
17 avril 2020

J'ai été contaminé par ton être, une partie de toi y vit et y grandit.

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L'homme et la femme ne s'opposent pas ni ne se complètent. Ils ne sont pas ce qui manque à l'autre. Ils ne forment pas une unité en se fondant ou en s'ajoutant l'un à l'autre. Aucun n'a à être la moitié de lui-même, chacun doit l'être entièrement ; aucun n'a à disparaître, à s'effacer en ou devant l'autre, chacun a à se révéler par et pour l'autre.
Leur fusion n'est pas une confusion, une abolition, mais une affirmation et une révélation de leur totalité. Qu'ils soient un n'est pas possible, ils sont deux. Qu'ils ne deviennent qu'Un n'est possible que s'ils sont "d'eux". C'est leur totalité qui est le moyen de leur unité. Quand leur dualité devient non-duelle, ils ne forment pas un, ils sont fractales du Tout. Ce n'est plus alors leurs humanités qui s'unissent, c'est un éclair de divinité qui les transfigure.
Et c'est ainsi que l'amour les transcende et les transforme. Ils ne cessent pas d'être eux, ils cessent d'être deux pour être chacun le corps et l'autre le miroir, chacun confirmant à l'autre son plein droit d'être, sa dignité et sa valeur, chacun autorisant l'autre à ne plus se limiter, à ne plus imiter les autres, mais, enfin, à être totalement "soi-m'aime". Chacun rêve-aile son autre lui permettant de s'arracher de la pesanteur.
Pourquoi cela n'est-il pas possible seul ? Pourquoi l'amour que l'on se porte à soi-même n'y suffit-il pas ? Sans doute parce qu'il faut de l'autre en soi, du vraiment autre au-delà de nos simples disparité et complexité, sans doute parce que les âmes se fécondent entre elles ...Si on ne nous avait pas cassé les c... avec ces histoires de princes et de princesses qui vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants. Si on comprenait ce qu'"âmes sœurs", "flammèches jumelles" voulaient dire. Si on cessait de faire croire à la complémentarité ou à la fusion de deux êtres dans un couple ... Être ou ne pas être en couple ne serait pas la question qui fait tourner les têtes et les cœurs.

Dans les contes de fées, dans quelques-uns d'entre eux, car tous ne finissent pas dans la mièvrerie d'un mariage heureux et fécond (que vous pouvez lire aussi en 2 mots. NDT), alors que les milles épreuves qui précèdent cette fin heureuse (qu'on retrouve en force dans la grande majorité des "films d'amour", autre NDT) sont détaillées mais rien de la vie à deux n'est présenté comme une grande aventure, dangereuses, initiatique et semer d'embuches ou d'épreuves.

Pourtant, c'est sûr, les vies de couple en sont remplies. N'y a-t-il donc aucune bonne fée qui puisse nous aider passée l'adolescence ? La réponse est, mais dans le fond, c'est toujours le cas, la bonne fée, c'est l'intériorisation de la force d'aimer et d'être aimé. C'est seulement ça qui permet de s'affranchir de l'image de souillon qu'on a de soi pour apercevoir toute la noblesse qu'il y a en nous. Et ce n'est que cette conscience qui permette qu'elle puisse être visible, même, ou surtout d'un prince charmant, c'est-à-dire d'un autre en qui cette noblesse, ce joyau qu'est l'amour apparaît aussi.

Tant que nous restons des crevards de l'amour, nous serons prêts à nous jeter sur le premier os à ronger, et il se pourrait bien qu'on s'y casse complètement les dents. Le paradoxe, c'est qu'il faut avoir appris à être aimé(e) de soi d'abord pour réussir à être aimé de l'autre. Et pour avoir appris à être aimé de soi, il faut avoir été aimé pour bien autre chose qu'être un objet sexuel, il faut avoir été aimé pour soi dans une relation de tendresse désintéressée. C'est ce qui explique parfois qu'il vaut mieux être aimé d'u chien que d'un père, d'une mère d'un frère d'une sœur, d'un oncle ou d'un voisin qui aurait vu en nous un moyen de ronger l'os des crevards.

Alors, oui, OK, on cherche tous l'amour, mais il n'est dit nulle part qu'il dépend d'un statut marital. Mieux vaut toujours se dire que ça dépend de nous.
Pour dire Je t'aime, les indiens Yanomani en Amazonie disent Ya Pihi Ikarema, qui signifie : J'ai été contaminé par ton être, une partie de toi y vit et y grandit. L'image de la contamination est non seulement belle, mais, par rebond avec un discours moderne, nous dit combien d'habitude, notre système immunitaire essaie de détruire le non moi en nous.
L'amour vient faire céder cette barrière qu'on oppose à l'autre, elle est débordée par lui, submergée et l'autre s'infiltre en nous, comme une évidence. Ce toi devient moi, cet autre devient le "m'aime". Mais les digues sans doute cèdent des deux côtés. Et c'est en cela que pour être la totalité de soi, il faut l'être avec l'autre.
Cette "maladie d'amour", que décrivent les Yanomani dit aussi à quel point, dans une relation amoureuse véritable, bien loin du seul sentiment et plus encore de la consommation sexuelle (où l'autre est "détruit" au profit du seul entretien de sa propre existence), les amoureux sont nécessaires l'un à l'autre pour chacun continuer à grandir en et par l'autre.
Ce n'est pas l’entièreté de soi qui vit et grandit en l'autre, car aucun n'est dans la dépendance ou avilissement, mais bien une partie, cette partie de l'être qui peut croître toujours et qui trouve dans l'autre aimant le creuset de sa transformation. C'est plus que de la chimie, plus qu'un jeu hormonal, c'est bien de l'alchimie. C'est une bien étrange altération, une entrée de l'autre en soi, qui nous transforme, comme un plomb qui devient or.
Quand nous disons je t'aime, souvenons-nous désormais que chacun a une part de l'autre qui vit et qui grandit en soi. Cela nous transforme et le transforme. C'est de l'âme agit de l'un dans l'autre, c'est cela qui est amour :
Oh mon amour, je ne veux pas partager ta vie, je veux la multiplier.
Je ne veux pas entrer dans ton lit mais entrer dans ta vie, comme on rentre chez soi après un trop long exil. Je ne veux pas que tu sois ma moitié, ni même mon tout,
je ne veux que toi comme l'autre de ma vie, comme le contre-chant de toutes mes chansons.

Oh mon amour, je ne veux pas que tu me combles, ni moi que je te comble,
je veux que nous creusions ensemble toute la profondeur de nos existences, pour leur donner à chacune sa grandeur. Je ne veux que tu dépendes de moi et que je dépende de toi, je veux que nos libertés s'encouragent l'une l'autre, comme le font les oiseaux en plein ciel.

Oh mon amour, oh mon aimée, oh mon aimante, Ce n'est pas que je ne veux pas te perdre, c'est surtout que je veux te gagner, te mériter et me battre chaque jour pour cela. Tu ne seras jamais ma conquête, car ce n'est pas une guerre, jamais ma chose, jamais à moi ; tu es un ciel, une terre, un horizon et j'y serai un pèlerin, un paysan et un poète”
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Bouts d'zen et cailloux blancs
  • Ces publications sont tirées des pages FB Bouts d'zen et "ci et maintenant, un évangile de soi J'y partage inspirations et réflexions . Sans doute s'y esquisse une certaine image du bonheur, car le bonheur est une culture : à la fois jardin et langage
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