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Bouts d'zen et cailloux blancs
26 avril 2020

Reprendre notre vie d'avant ?

Reprendre notre vie d'avant ? Faire à nouveau comme si le progrès était en marche dans un monde illimité, seulement là pour notre confort et notre gloire ? Consommer, polluer, remettre des frontières, des jugements et de l'individualisme ? Si c'est ça, le déconfinement, je n'en veux pas.

Je n'en veux pas si c'est pour remettre en route le système, tel qu'il dysfonctionnait très bien déjà, et en plus en y mettant les bouchées doubles pour rattraper je ne sais quelle croissance (sans doute celle de la fortune des plus riches aux détriment des peuples). Je n'en veux pas si c'est pour continuer d'épuiser et d'étouffer la planète et toutes ses formes de vie en plantant nos crocs vampires pour la vider de son sang. Je n'en veux pas si c'est pour revenir à ce somnambulisme hypnotique qui faisait de moi le docile citoyen de sociétés sans humanité.

La vie d'après, c'est maintenant, une vie sans oubli

Jamais je n'ai senti, autant qu'aujourd'hui, la bêtise de ce monde moderne où le destin des êtres de chair et de sang que nous sommes n'est une préoccupation que par accident, l'accident sanitaire d'aujourd'hui, le dérèglement climatique (je n'aime pas "réchauffement", ça lui donne un air trop chaleureux, un air de vacances qui seront en fait irrespirables) ou la violence terroriste qui ont commencé ce troisième millénaire.

Quoi de mieux qu'un virus, petit lambeau organique, capable de faire le tour de monde et capable d'abattre nos défenses immunitaires sans distinction de race ou de classe pour nous avoir rappelé l'interdépendance et la communauté de destin de l'humanité dans son entier. Quoi de mieux que cet ennemi qui n'en n'est pas un que l'argent n'est rien qu'un flux, qu'une agitation, une virtualité devenue immatérielle, qui craint de ne plus exister si le monde n'allait qu'à la vitesse du pas de l'homme.

Il nous pète à la gueule que le prendre soin de l'autre est la chose la plus vitale qui soit. L'indigence des moyens des hôpitaux, privés de médecins, de soignants, de personnels administratif et d'entretien, l'inconfort et la solitude dans les institutions accueillant nos malades, nos handicapés et nos fragilisés par la mal vieillesse est cruelle. L'eugénisme économique, rampant et cynique, qui ravageait déjà les peuples qui en voie de développement atteint (enfin ?), nos pays plus confortables. Mais ce n'est que maintenant que ça paraît un scandale, car c'est nous, directement qu'il touche.

L'inanité de la frénésie de nos quotidiens et de leur fuite en avant, notre capacité redécouverte de pouvoir vivre avec moins, sans la frivolité et la futilité de tant de nos achats, le retour à l'évidence du maintien du lien et de la communication, tout cela devrait nous convaincre que nous n'avons pas à reprendre notre vie d'avant, même si je sais que nombreux sont ceux (et nous sommes tous un peu de ceux-là) qui voudraient y retrouver la suicidaire insouciance de la fin du vingtième siècle.

Je veux commencer la vie d'après, celle où la conscience humaine reprend sa place dans la fragile beauté du monde ; celle où le cœur humain n'oublie plus qu'un cœur humain en vaut un autre, qu'une vie humaine en vaut une autre, sans prééminence ni d'âge, ni de race, ni de santé, toujours sous la menace de la Faucheuse ; celle où le gite et le couvert sont les premières nécessités et la première justice ; celle où l'on respecte l'utilité sociale de l'aide-soignante, de la femme de ménage, de l'employé, à l'égal de celle du banquier, du patron, du président.

La vie d'après, c'est maintenant, c'est mains tenant, une vie sans oubli de la Terre, une vie sans oubli de la biodiversité et de ses conditions optimales, un vie sans oubli de l'autre, une vie sans oubli ni de toi, ni de moi.

Tydé
Earthbender © Tara Campbell #https://500px.com/photo/108436759/

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Bouts d'zen et cailloux blancs
  • Ces publications sont tirées des pages FB Bouts d'zen et "ci et maintenant, un évangile de soi J'y partage inspirations et réflexions . Sans doute s'y esquisse une certaine image du bonheur, car le bonheur est une culture : à la fois jardin et langage
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