N'en croyez pas vos yeux, n'en croyez pas vos larmes,

N'en croyez pas vos yeux, n'en croyez pas vos larmes,
Quand je serai parti très loin des pesanteurs,
Séchez votre chagrin et préférez la fête :
Pleure-ton la chrysalide ou la bogue éventrée ?

Vos yeux vous mentiront en disant mon absence,
Vos larmes vous abuserons à dresser mon portrait :
Toute ma vie durant, j’étais déjà un autre,
Moi-même je l’ignorais, maintenant je le sais.

Je ne suis plus la fleur, je suis comme un parfum,
Je ne suis plus ma personne, je suis ce qu‘il en reste,
Je suis ces souvenirs, je suis ces émotions
Je suis toutes les tendresses déposées en vos cœurs.

J’ai bien mis toute une vie à comprendre de moi
Que j’étais moi aussi l’élan de l’univers
Que j’étais fils du vent et sorti du néant
Que j’étais un scandale, un défi au non-sens.

Profitez mieux que moi de cette fol’ nouvelle :
La vie n’est qu’une école, bien mieux un précepteur.
Elle nous apprend sans cesse qu’il nous faut nous relier,
Regarder, écouter, rire et tout donner.

Tout ce que j’ai cru amasser d’un coup est balayé,
Il n’en reste rien d’autre, rien d’autre que vous.
Je ne garde pour le ciel que ce que j’ai donné,
Ce que vous m’avez pris, pris des mains, pris aux mots.

Et n’ayez pas de crainte, je ne sens pas la mort,
Je ne sens que la vie, enfin dans son entier,
La vie qui fut la mienne et celle que je vous laisse.
Ne me cherchez nulle part, je suis un peu partout.

Tydé