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Bouts d'zen et cailloux blancs
17 décembre 2016

Un jour, quelqu’un m’a dit qu’on pouvait changer le monde avec un sourire ...

sanjeev nepali such a big smile miracle in sch a littel boy 500px

 

Un jour, quelqu’un m’a dit qu’on pouvait changer le monde avec un sourire. Je lui ai souri, tristement, en pensant en moi-même : “Un sourire ? Un seul sourire ? Est-ce que ça pourrait suffire ?”. Et j’ai laissé mon âme résonner à ces mots. Et j’ai laissé cette tristesse dans mon sourire trouver pourquoi elle était triste.


Le monde, enfin, pas vraiment “le” monde, mais au moins “mon” monde, celui autour de moi, dans mes rues et mes places, sur tous mes écrans, à la une de tous mes journaux, fait grise mine. Mon monde fait la gueule, tire la tronche. Il a littéralement une tête d’enterrement, une tête de vieux ronchon. Dans mon monde, tous les malheurs du monde sont jetés sur mon palier. Ils s’entassent dans ma tête, comme dans une décharge. C’est un peu comme si nous étions devenus des chiffonniers du malheur, tous à la recherche de notre pitance dans le spectacle pitoyable du monde dont on gave nos cerveaux entre deux tranches d’images paradisiaques. Nos médias ne fonctionnent plus que sur sur ce modèle qui nous prend en sandwich : une farce de malheurs, de drames et de scandales entre deux pages de pub.

Je connais pourtant des sourires qui font sauter de joie mon cœur. J’attends chaque jour de les retrouver sur les mêmes visages. Ce sont des éclairs de lumière qui me transpercent et me traversent. Ce sont des évidences. C’est comme ça que nous sommes ... si nous étions vraiment ce que nous sommes. C’est la risette du tout petit qui s’illumine et illumine sa maman quand elle vient le prendre dans ces bras. C’est le visage tout à coup lumineux de l’arrière grand-mère qui voit apparaître sur son écran une nouvelle image de son arrière petite fille. C’est la vague de chaleur qui transporte l’amant et l’amante quand ils s’aperçoivent après l’éternité de secondes et de jours qui les a séparé. C’est l’émoi tout timide de l’adolescent qui trouve, sans y avoir goûté, les lèvres de son premier baiser. C’est le ciel tout d’un coup sans nuage dans la chambre d’hôpital quand le clown pointe son nez pour apaiser le feu de la chimio. C’est l’incroyable sensation de retour chez soi du voyageur qui découvre un pays qui lui ouvre le cœur. C’est l’amusement qu’on éprouve à voir l’incongru se dérouler sous nos yeux. C’est le voile que notre pudeur impose aux yeux du spectateur qui nous met légèrement mal à l’aise. C’est l’épanouissement de notre visage sous l’assaut de sensations agréables qui se mettent à parcourir tout notre corps.

Le sourire est au bonheur ce qu’est l’arc en ciel au soleil, une décomposition dans le spectre du visible de sa lumière parfois trop forte pour être contempler directement. C’est un mélange subtil entre pluie et clarté, entre rire et larmes, parfois n’osant vraiment ni l’un, ni l’autre, parfois en les amalgamant. On ne sourit ni pour soi, ni pour l’autre, on sourit dans l’entre-deux. On sourit à la fois pour être une libre expression de son contentement et pour être un message qui n’a besoin d’aucun mot pour être entendu pour ce qu’il est.

Le monde ne s’arrête pas à “mon” monde, il est bien plus vaste que cela. D’un bout à l’autre de la terre, il y a tant de paysages, de peuples et de cultures qu’aucune vie d’homme n’est jamais assez longue pour les découvrir tous. Mais si la terre est ronde, c’est bien pour dire qu’aucun point de sa surface n’en est le centre. Ce n’est que pour dessiner leurs cartes que les pays occidentaux se sont placés en plein milieu des planisphères. Ce n’est qu’un mirage, une vue de l’esprit qui n’a rien à voir avec la vérité de ce caillou nommé Terre perdu dans l’univers. Il n’y a jamais d’autre centre du monde que celui que j’imagine, ce serait perdre la boule que de l’oublier sans cesse.

Le grand voyageur le sait, il n’y a pas de langue universelle, pas de mot qui ne soit compris partout. Il est un langage, muet, étonnant et pourtant éloquent qui dit “bienvenue” dans toutes les langues. Il se dit des yeux autant que des lèvres. Il vient aux enfants bien avant leurs premiers mots. Il reste par delà les âges comme le signe de la vie toujours présente. Sans doute est-ce la seule jeunesse qui soit vraiment éternelle. Sur les cinq continents, sur toutes les mers du globe, c’est le seul passeport reconnu partout. Evidemment, c’est le sourire.

Il vient dire, le bonheur, la joie, le plaisir, l’étonnement, parfois la gêne et la pudeur. Il nous avertit que quelque chose s’est ouvert, au monde, à l’autre, parfois même à soi-même, chez celui qui sourit. L’espace d’un sourire, le monde clos, fini, fermé, parfois si sombre semble se déchirer, comme la chrysalide qui se déchire pour laisser échapper la papillon. sourire, c’est réaffirmer le primat de la vie et de la relation. C’est plus qu’un langage, c’est une communication et un signe de reconnaissance. Il ne vient pas ignorer les différences, il magnifie la singularité de chaque sourieur, parce que c’est dans le sourire qu’un visage trouve sa plénitude et sa plus belle expression. C’est par leur sourire que ceux que nous aimons étincellent dans nos cœurs et nos mémoires.

Alors, non, un sourire ne peut pas changer le monde. Non, un sourire ne suffit pas ! Il en faudrait au moins trois par jour, dit-on en Chine, pour éloigner le médecins. Il en faudrait des milliards pour couvrir la terre et tous ses habitants de sa bénédiction. Alors, dans le fond, le compte peut être bon bon : nous sommes des milliards !

Tydé
"Such a big smile miracle in such a little boy" © Sanjeev Nepali
https://500px.com/photo/147594111/

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Commentaires
Bouts d'zen et cailloux blancs
  • Ces publications sont tirées des pages FB Bouts d'zen et "ci et maintenant, un évangile de soi J'y partage inspirations et réflexions . Sans doute s'y esquisse une certaine image du bonheur, car le bonheur est une culture : à la fois jardin et langage
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