Les larmes ne coulent pas des yeux, elles débordent du cœur.
Les larmes ne coulent pas des yeux, elles débordent du cœur. Et le mental qui lutte pour ne rien en montrer, jamais, est vite battu en brèche par la puissance de l'émotion.
Certains ont construit des murs si épais que seuls, le cynisme, l'indifférence, la raison semblent dicter les actes et leurs paroles. C'est sans doute une forme de nécessité qui les a obligé à ainsi se terrer derrière un "pare-être" qui jette aux oubliettes l'enfant vivant qu'ils auraient dû être si leur souffrance leur avait laisser un autre choix. Ceux-là ne pleurent plus, non pas qu'ile ne le peuvent pas, mais qu'ils n'en peuvent plus d'avoir trop souffert, trop longtemps et trop jeunes, pour se risquer encore à la plus petite larme.
D'autres, encore écorchés vifs, ont l'émotion à fleur de peau. Rien ne les protège des joies et des malheurs qui peuvent les atteindre à tout coup en plein cœur. Ceux-là aussi ont du mal à être eux, non pas parce qu'ils n'en n'ont pas le cœur, mais parce qu'ils ont dans leur cœur le cœur de tant d'autres qui les envahissent de leur douleur. C'est comme si la frontière de leur peau était d'une dentelle fine et que cette étoffe-là les protégeait bien peu.
Il en est aussi, par quelle grâce ou quelle nécessité, je ne sais, qui n'ont ni dentelle ni mur pour leur servir de peau. Leurs larmes et leurs rires, leurs sourires et leurs colères, leurs peurs et leurs confiances se succèdent, sans ordre ni désordre, ne changeant rien et changeant tout sans cesse à qui ils sont. Leur pensée ne leur sert pas à empêcher les larmes, mais à les essuyer sur leurs joues ; leur cœur ne leur sert pas à prendre sur lui toutes les blessures du monde mais à les prendre dans ses bras.
Chacun se reconnaîtra dans l'un ou l'autre de ces portraits. Il pourra y voir parfois un itinéraire qui l'a promené de l'un à l'autre. En soi, ils ne servent à rien et ne visent en aucune manière ni à classer, ni à dire ce qui est bon ou ce qui est mal. Ils ne parlent que d'états de notre cœurs où ce qui importe est de comprendre ce qui nous lie ou nous délie de nos larmes. C'est bien là l'essentiel pour comprendre ce qui apparaît dans le miroir de notre âme à tel ou tel moment de notre vie.
Tydé
"Gen Y" © Mahesh Krishnamurthy
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