La Terre à moitié vide ou la Terre à moitié pleine ?

Les optimistes verraient le verre à moité plein et les pessimistes à moitié vide. Et il en serait ainsi pour tout : il y a ceux qui jugent les choses par leur côté négatif et ceux qui les apprécient par leur côté positif.

Chacun, selon son caractère, verrait systématiquement soit "le bon côté des choses", soit "sa face sombre". Ils ne s'entendraient que sur une seule chose, le verre n'est "qu'à moitié", comme un yin sans yang ou un yang sans yin. C'est dire si les deux visions sont inconciliables, l'une étant inconsolable quand l'autre ne voit que les aspects riants de la réalité. Chacun étant comme sourd et aveugle à l'autre point de vue.

Tout peut passer à cette moulinette : les résultats du bac, la crise grecque, la droite et la gauche, les jeunes et les vieux, le chômage, le mariage gay, l'immigration, le féminisme, le végétarisme, l'entreprise, le sort réservé à la planète, etc. Sur chaque sujet, on organise la guerre des points de vue, mettant en scène leur déballage plutôt que leur débat. En aucun cas, on ne recherche un accord, mais la polémique, la querelle, le clash, l'esclandre et la petite phrase assassine. C'est Shakespeare et Vaudeville à la fois.

Avec une pointe de défi et de dépit, beaucoup aime à répéter à l'envie "on n'a qu'une vie", plus pour s'inciter à en profiter au maximum que pour vraiment philosopher sur l'interdépendance profonde des choses entre elles et sur la continuité qui unit l'atome et le cosmos et fait dépendre l'ouragan du papillon.

Alors rappelons-le, nous sommes tous embarqués sur le même bateau perdu dans l'univers, même si certains font la fête en cabine quand d'autres croupissent à fond de cale. Ce n'est pas une histoire de classe ou de point de vue, ce n'est pas pour savoir quel camp a raison sur le plein et sur le vide, sur le sens et le non-sens, c'est plutôt, d'une certaine manière, d'une manière certaine, une question de vie ou de mort.

"Pessimisme de la raison et optimisme de la volonté", n'est-ce pas une manière de voir la moitié vide du verre plein et la moitié pleine du verre vide ?"Hémisphère droit et hémisphère gauche" une manière de marier l'intuition et l'analyse, l'art et la science, le global et le particulier ?

Il n'y a pas deux Terres, l'une pleine et l'autre vide, l'une florissante et généreuse et l'autre moribonde et aux coffres pillés. Il n'y a pas deux mondes, celui des bons et celui des méchants, celui des comploteurs et celui des masses abusées. Pas plus qu'il n'y a à trancher entre l'illusion et la réalité du monde, entre le mental et la conscience, entre la fleur et e parfum.

Alors, la non-dualité se met à prendre un autre sens. Elle n'est pas qu'un enjeu intérieur, et moins encore un jeu de l'esprit, elle devient un "en je", un ensemble. Au lieu d'un "ou", elle met un "et", un "entre". Qu'est-ce qu'il y a "entre" la Terre à moitié pleine "et" la Terre à moitié vide ?

Je n'ai qu'une réponse à donner, un seule, et je l'espère un jour la même pour tous : il y a moi. c'est sans doute cela la "responsabilité" que nous avons à assumer.

Tydé

illustration "reverse light" © Eser Cakarlar https://500px.com/photo/115419729/