Je l'ai vu dans mon rêve, je vis dans le ventre de ma terre mère. Je meurs si je la tue

Depuis que la terre est ronde, nous avons oublié de vivre en son sein, pour faire comme si nous lui étions extérieurs. Avec l'arrogance de ceux qui écrivent de leur main les livres saints, tous les héritiers des monothéismes se sont pris à rêver être les maîtres du monde, seuls dominateurs de la création. S'il est un péché originel, c'est peut-être celui-là : croire que ce jardin est le nôtre.

Nous sommes pris dans la ronde, c'est vrai, mais ce n'est pas parce que nous menons la danse. Non, nous sommes pris dans la ronde parce qu'ici, tout est lié, relié, tout ce qui va revient, tout a un impact sur tout. Nous sommes des danseurs maladroits et sous nos gros sabots, nous piétinons bêtes et fleurs.

Ici et là, de tous temps, de tous lieux, des hommes, des femmes ont compris des choses essentielles : non seulement, ils sont enfants de la terre, non seulement ils n'en sont pas les enfants uniques ni élus, mais ils lui sont intérieurs.

Les peuples premiers plus chamanes que nous le sommes, nous, tellement prisonniers de ce que nous croyons réels, les non théistes de tous poils et quelques fous, sages ou mystiques des trois grandes religions pourtant nous l'ont rappelés avec une infinie patience et même tendresse : cette vie est tout Une.

A notre réalité, ils ont préféré d'autres états de conscience où cela est une évidence. C'est ainsi que l'aborigène nous le rappelle : "Je l'ai vu dans mon rêve, je vis dans le ventre de ma terre mère. Je meurs si je la tue."

Cessons alors de faire main basse sur le moindre bout d'atoll comme s'il était à nous. Cessons de vouloir la vider de ses entrailles. Nous mourrons à coup sûr, pourquoi alors vouloir tuer la mère qui nous nourrit, laissons-la donc être généreuse après nous pour d'autres de ses enfants.

Tydé
"Aboriginal folk dancer" © Republic of Humanity
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